mardi 29 mai 2012

1. La théorie de Darwin : une nouveauté scientifique ?

Les précurseurs de la théorie avant C. Darwin 
 

Buffon

Au XVIIIe siècle, Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon (1707-1788), étudie les fossiles rapportés des expéditions scientifiques de la Renaissance. Suite à ces observations, il publie des thèses . Selon Buffon, les espèces perdent les caractéristiques au fil du temps et engendrent des espèces qu’il qualifie d’ «inférieures». Même si cette théorie est opposée à celle de Darwin, elle admet le concept de changements dans les espèces ; c’est un pas vers la théorie.


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Portrait de Georges-Louis Leclerc, comte de Buffon par François- Hubert Drouais 

Erasmus Darwin


Plusieurs individus proposent des théories sur l’évolution. Le terme évolution sera même employé pour la première fois en 1769 par le naturaliste et philosophe Charles Bonnet (1720-1793) mais tout comme Buffon, leurs théories sont l’inverse de celle de Darwin.

En 1796 au Royaume-Uni, Erasmus Darwin (1731-1802: le grand père de Charles Darwin) publie Zoomania ou les lois de la vie organique qui s’intéresse à l’extraordinaire variété des formes observées dans la nature. Il attribue celle-ci à trois facteurs, qui transforment les êtres vivants de génération en génération : le besoin sexuel, le besoin de nourriture et le besoin de sécurité.

  • Le premier stimule les mâles au combat : «Les animaux les plus forts et les plus actifs propagent l’espèce, qui en conséquence s’en trouve améliorée».
  • Le besoin de nourriture façonne le modèle animal «produit graduellement au cours de nombreuses générations par l’effort ininterrompu des créatures». Il nota dans la nature des exemples pouvant le vérifier tel que la trompe des éléphants ou le bec des rapaces.
  • Enfin, le besoin de sécurité intervient essentiellement dans l’acquisition des formes spécifiques des membres qui rendent les animaux plus aptes à la fuite.

A l’aide de ces trois besoins, il montre comment le papillon a développé ses trompes pour pouvoir plus facilement atteindre le nectar enfouit profondément dans les fleurs, de même que la girafe qui a allongé son cou afin de se nourrir dans les grands arbres.
Ces «changements des formes, aussi bien animales que végétales» se seraient effectués sur «un grand espace de temps, peut-être des millions d’années avant le début de l’histoire de l’humanité». Il manque cependant à ce grand visionnaire le mécanisme qui permettrait d’expliquer ces transformations…



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Erasmus Darwin par Joseph Wright of Derby


Jean Baptiste Lamarck


Lamarck (1744-1829) propose pour la première fois sa théorie sur la transformation des espèces en 1800 lors de son «discours d’ouverture du cours de l’an VIII» (calendrier révolutionnaire). Selon lui, «Les animaux les plus imparfaits, les plus simplement organisés, ceux en un mot qu’on soupçonne à peine doués d’animalité, sont peut-être ceux par lesquels la nature a commencé, lorsque, à l’aide de beaucoup de temps et de circonstances favorables, elle a forgé tous les autres».
Pour celui-ci, ce sont «les habitudes, la manière de vivre et toutes les circonstances influentes qui ont, avec le temps, constitué la forme du corps et des parties des animaux. Avec de nouvelles formes, de nouvelles facultés ont été acquises, et, peu à peu, la nature est parvenue à l’état où nous la voyons actuellement». Cette théorie est enterrée par Cuvier, un savant fixiste (soutenant la théorie de la création), grâce à ses relations. Cette théorie est extrêmement proche de celle de Darwin.



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 Statue du naturaliste français Jean-Baptiste de Lamarck  par Léon Fagel


 Joël BARREAU

2. Les recherches de Darwin, au fil de ses voyages


         Le 27 décembre 1831, Charles Darwin embarque à bord du Beagle, ancien navire de la Royal Navy réhabilité en navire de recherche, en route pour les côtes d'Amérique du Sud. C'est alors un naturaliste anglais passionné disposant de solides connaissances en médecine (anatomie, physiologie, dissection...), en entomologie, en botanique et en géologie grâce à ses relations comme John Stevens Henslow, botaniste, et Adam Sedgwick, professeur de géologie. Il possède aussi une culture scientifique importante et une connaissance précise des idées scientifiques en débat de l'époque. On note qu'il adhère aux thèses transformistes de son grand-père, gradualistes de Lyell selon qui la Terre se transformerait au fur et à mesure de l’érosion et des éruptions volcaniques, et au créationnisme. C'est dans Voyage aux régions équinoxiales du Nouveau Continent, un ouvrage en sept tomes de Alexender Von Humbodt , un botaniste prussien, et plus particulièrement dans Relation historique que C. Darwin trouve sa passion pour les voyages d'exploration. En effet, Alexender Von Humbodt  y décrit son passionnant voyage en Amérique du Sud. C. Darwin se renseigne alors pour partir à Tenerife, île située au sud de l'Espagne, quand John Stevens Henslow le recommande auprès de Robert Fitz Roy, capitaine du Beagle. En effet, celui-ci cherchait un naturaliste pour aider le naturaliste du bord à cartographier les côtes d'Amérique du Sud. C'est donc à cette occasion que C. Darwin part pour un voyage qui va durer moins de cinq ans, sans théorie bien précise de l'origine de la vie au départ. Cependant, grâce à ses capacités à observer, décrire, et comprendre ce qu'il voit qui lui viennent de sa formation d'humaniste et de naturaliste, il s'interrogera sur les idées de son temps, et développera ses propres idées qui révolutionneront le monde de la science.

Carte du Voyage of the Beagle.jpg de Samsara


        Le Beagle quitte le port de Plymouth en fin de matinée du 27 décembre 1831, après 2 mois passés à quai à cause du mauvais temps, et met cap sur l'Amérique du Sud, en passant par Madère, les îles Canaries et l'Archipel du Cap vert. Il arrive à Recife au Brésil à la fin de février 1832. Il longe ensuite les côtes en effectuant de nombreuses escales, rejoint les Terres Rouges jusqu'à Lima au Pérou, puis part pour l'Australie en jetant l'ancre aux Iles Galapagos et en Nouvelle Zélande en 1836. Le voilier fait escale aux Iles Cocos, à l'île Maurice, au Cap, effectue un retour au Brésil et revient au port de Plymouth le 2 octobre. Le voyage aura alors duré 4 ans, 9 mois et 5 jours. Le naturaliste C. Darwin aura récolté de nombreux spécimens de son voyage : on dénombre plus de 1529 échantillons conservés dans de l'alcool et 3907 éléments conservés à sec. C'est en partie à cause ou grâce, aux méthodes naturalistes de l'époque ; en effet, les naturalistes pratiquaient la chasse pour étudier plus facilement les animaux alors tués, cette méthode étant la conséquence de l’absence du matériel d'observation à distance. Cependant, au fil du temps, un esprit nouveau apparaît chez Darwin : «je découvris, presque inconsciemment et insensiblement, que le plaisir d’observer et de raisonner est supérieur à celui de l’adresse et du sport» écrit alors Darwin dans Voyage d'un naturaliste autour du monde. Durant le voyage, il rédigea aussi de nombreuses notes : 1383 pages de géologie et 368 de zoologie. A bord du Beagle, le naturaliste anglais dissèque et écrit, même si ses connaissances en anatomie et ses capacités de dessinateur sont réduites comme il le fait comprendre dans son autobiographie commencée le 28 mai 1878 et finie moins de 3 mois après. Il s'indigna aussi contre l'esclavage, très répandu en Amérique du Sud.

        Darwin étudie de nombreuses espèces comme les Nandou, qu'il nomme autruches, dans les pampas de Patagonie. Il lie alors toutes ses descriptions et ses observations à ses réflexions scientifiques. Grâce aux données d’œuvres littéraires comme les récits de Burchell, il compare le Nandou aux autres membres de sa famille. Il fait aussi preuve d'une grande écoute auprès des populations locales qui lui fournissent plusieurs informations sur les animaux ou les plantes de leurs terres. Darwin regroupe différentes données sur les caractéristiques physiques et les habitudes de l'oiseau, qui lui permettent d'identifier une seconde espèce de Nandou appelé plus tard le Nandou de Darwin. Il valide ainsi la proposition avancée par Dobritzhoffer en 1749 sur l'existence de Nandou particuliers. Charles Darwin développe alors une démarche complète d'étude naturaliste: il identifie les groupes, les espèces, les sous-espèces (ou variétés et sous-variétés pour les plantes), réfléchit sur la place des individus dans une communauté, sur leurs affinités, leurs liens avec le milieu ; il met en évidence la succession géologique et surtout l'évolution des espèces.


On the origin of species, 1859
        Revenu de son voyage depuis 23 ans, le naturaliste anglais C. Darwin publie son premier ouvrage en 1845 intitulé : Journal of Researches into the Geology and Natural History of the Various Countries by H.M.S. Beagle suivi de nombreuses observations géologiques sur les îles volcaniques, les récifs coralliens, l'Afrique du Sud... jusqu'à l’œuvre qui a bouleversé le monde : On the Origin of Species by Means of Natural Selection, or the Preservation of Favoured Races in the Struggle for Life que l'on pourrait traduire par : De l'origine des espèces au moyen de la sélection naturelle, ou la préservation des races favorisées dans la lutte pour la vie, publié le 24 novembre 1859.



Compléments

Maïlys